L’histoire et la mémoire individuelle ont souvent associé moments importants, évolution, rupture, changement à des hommes, surtout détenteurs du pouvoir politique.
L’école des Annales a dans le champ de l’histoire universitaire renversé cette perspective avec l’accent mis sur les mentalités, la vie quotidienne, les techniques, etc. L’histoire des mouvements sociaux a quant à elle remis en lumière le rôle décisif des associations, des syndicats comme l’histoire économique avait recentré l’analyse sur les entrepreneurs.
Paradoxalement, l’actualité socio-éoconomique, politique et religieuse est littéralement envahie par cette concentration renforcée des décisions autour de personnes apparemment détentrices des clés du pouvoir : des ministres, des fonctionnaires ou des dirigeants d’entreprises dont la désignation émane du « colloque singulier » d’un président, des négociations pré-gouvernementales imprégnées notamment des relations interpersonnelles (tendues) entre des présidents de parti.
Une Eglise suspendue aux virages d’une papauté vers un traditionalisme romain, larguant la démarche plus collégiale du concile Vatican II.
Autour de cette personnalisation : la « pipolisation » de la presse écrite, audio ou tévé. L’abondance des « fils ou fille de… » en politique, en économie, dans la vie culturelle.
Le problème comme l’a relevé récemment « Le Vif » n’est pas le fait, mais la proportion anormalement élevée. Autre symptôme, les entourages, assemblage de conseillers, de partenaires, d’amis et d’alliés. Les brèves descriptions de ces carnets d’adresses (voir à titre d’exemples certaines rubriques de « Trends-Tendance ») ne lèvent qu’une partie du voile.
A cet égard, on ne peut que souhaiter, tout spécialement dans le cas de la Wallonie, que les politicologues analysent ces phénomènes, trop délaissés au profit d’autres champs : résultats électoraux, sphère européenne ou internationale. Comprendre mieux ce qui se passe, c’est finalement la base de la démocratie et la mise en place de la nouvelle gouvernance dont on nous parle tellement et qui est souhaitable.
Les premiers seront les derniers.